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Contexte Urabá

Antioquia, Colombie

 

​Lectures Partagées a participé à la création de bibliothèques-ludothèques dans la Communauté de Paix de San José de Apartado. L'Uraba - région du département d’Antioquia au nord ouest du pays - est la principale zone de production bananière de Colombie. La Communauté de Paix se trouve dans la zone centrale de cette région (Apartado, Carepa et Turbo) où l’on trouve l’activité agricole la plus importante.

 

Depuis la colonisation espagnole, cette région du pays occupe une situation géostratégique particulière et offre actuellement à la Colombie des perspectives d’insertion dans le marché international, ce qui participe à la situation belliqueuse qui sévit depuis toujours dans la région. Porte d’entrée des colonisateurs espagnols en Colombie au XVIe siècle, l’Uraba a pourtant été peuplée de manière intermittente jusque dans les années 1960 quand des groupes de paysans fuyant la violence politique s’y installent durablement. Profitant du repeuplement de ces terres, la  United Fruit Company, investit dans la création d’entreprises agricoles qui envahissent également le territoire et, grâce à l'absence totale de contrôle étatique, peuvent pratiquer des politiques d’exploitation forcée des paysans.

 

La région est alors également investie par plusieurs groupes armés - guérilla communiste FARC (Forces Armées révolutionnaires de Colombie) et maoïste EPL (Armée Populaire de Libération) - qui commencent à gagner du pouvoir, à travers l’action violente, mais aussi grâce au soutien qu’ils apportent à la paysannerie. Dans les années 1970-80, en réaction à cette présence de la guérilla, des groupes paramilitaires (AUC, Autodéfenses Unies de Colombie), liés à des intérêts privés, s’organisent et commencent à reconquérir le territoire par la violence, massacres sélectifs, assassinat de syndicalistes et déplacement forcé des populations. 

 

Depuis cette époque, la région a été le théâtre d’affrontements armés, face auxquels les paysans  sont les plus démunis et les plus lésés. Les FARC d’un coté et l’armée épaulée par les paramilitaires  de l’autre se livrent encore aujourd’hui à une guerre sans merci pour le contrôle de ces terres. Derrière ces batailles, se trouvent également les intérêts de multinationales agricoles et - plus récemment - minières qui cherchent à exploiter le territoire. San Jose de Apartado, village où la Communauté de Paix est née, a été depuis les années 1960 au coeur de cette guerre et quelques uns des chapitres les plus violents et meurtriers du conflit en Uraba s’y sont déroulés.

Communauté de Paix de San José de Apartadó:

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Commémoration du massacre du février 2005 à Mulatos (février 2012)

 

 

​C’est dans cette situation de guerre et de violence, qui voit les affrontements et les pressions paramilitaires forcer les paysans à se déplacer sans cesse, que la Communauté de Paix de San Jose de Apartadó est née. Fatigués de devoir quitter leurs terres et de vivre sans lendemain, un groupe de paysans s’organise et se déclare Communauté de Paix le 23 mars 1997. Par cette déclaration, la Communauté affirme sa volonté de neutralité face aux groupes armés et le désir de trouver une solution non-violente au conflit. A ses débuts, elle est composée de 500 personnes, qui réfléchissent à l’élaboration d’un modèle d’organisation économique et social alternatif. Le territoire de la Communauté de Paix est situé sur le territoire de San Jose de Apartado mais comprend également quelques hameaux du département voisin de Cordoba. Il s’étend sur des montagnes fertiles où l’on cultive le cacao (principale ressource économique de la Communauté), les bananes, le maïs, le manioc et bien d’autres aliments. Convoitée par les acteurs armées pour sa situation stratégique et la richesse de son sous-sol, la région nourrit la Communauté qui a payé cher sa volonté de s’inventer une vie digne au milieu d’un conflit dont l’issue semble hors de vue. 


Malgré l’adversité constante et l’assassinat d’un grand nombre de ses membres, cette association paysanne a réussi à mettre sur pied au cours des quinze dernières années, une dynamique d’entraide communautaire durable, basée sur une production agricole respectueuse de la nature et partiellement collectivisée et sur une organisation politique très démocratique. Les dernières années on vu la naissance d’un projet d’éducation alternative qui a pour but d’offrir aux enfants une scolarité en phase avec les valeurs communautaires. Dans un contexte de guerre interminable, il est essentiel pour la Communauté de bâtir des perspectives d’avenir et de développer des projets visant à permettre aux enfants et aux jeunes d’envisager une vie meilleure.

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