Ecole rurale de formation musicale
Corregimientos de Tunja Grande et Matituy
Municipalité de La Florida, Nariño, Colombie
2017 - 2018
En quoi consiste le projet ?
Le projet soutient la création d’une école de formation musicale dans la zone rurale de la municipalité de La Florida, dans le département de Nariño, au sud-ouest de la Colombie. Il s’inscrit dans la continuité du travail de Lectures Partagées dans la région, qui a permis la création et la consolidation d’un réseau de bibliothèques rurales. L’école s’intégrera à ce réseau et profitera de sa dotation instrumentale.
L’école rurale de formation musicale est une initiative portée par certains habitant-e-s des hameaux impliqués dans les projets de l’association ; elle découle des dynamiques d’échange, de partage et de valorisation de la culture locale qui se sont consolidées autour des bibliothèques-centres communautaires créées.

Pourquoi un tel projet ?
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Pour donner à la jeunesse l’accès à des instruments ainsi qu’à des cours de musique de qualité qui leur permettent d’occuper leur temps libre de manière saine et constructive.
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Pour renforcer les compétences des professeurs de musique locaux, en leur fournissant des outils pédagogiques et des moyens de parfaire leur pratique musicale (solfège, pédagogie musicale).
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Pour contribuer à assurer des sources de revenus pour les professeurs de musique locaux, qui autrement, courent le risque de quitter la région pour aller travailler dans des plantations de coca, seule activité économique rentable dans la région.
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Pour pérenniser les initiatives bénévoles et ponctuelles dans le domaine de la formation musicale. On n’apprend pas à jouer d’un instrument en quelques semaines, cela prend des années et requiert de l’investissement, de la discipline et une continuité du processus de formation que l’école pourra garantir.
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Pour valoriser les expressions artistiques locales et autochtones (musique paysanne) tout en promouvant d’autres genres musicaux (musique tropicale, musique andine, rock, rap, …) qui enrichissent également les dynamiques culturelles de la région.

Qui sont les bénéficiaires?
Ce projet bénéficiera directement à près de 280 personnes, parmi lesquelles :
- 80 enfants (filles et garçons de 7 à 11 ans), 95 adolescentes et adolescents (12 à 18 ans) et 70 adultes qui pourront accéder à des cours de musique de qualité, intégrer des ensembles musicaux et occuper leur temps libre de manière saine et constructive.
- 15 musiciens locaux (professeurs) qui recevront des cours de perfectionnement et de pédagogie musicale pour améliorer leur pratique musicale et la qualité de leurs cours. Ils seront rémunérés pour cette activité
- 15 enseignant.e.s de primaire et mamans de jours qui recevront des cours de rythmique, leur permettant de réaliser des activités d'éveil musical.
Concrètement, le projet prévoit :
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La création formelle de l’école de formation musicale, par son inclusion dans le réseau de bibliothèques-centres communautaires, et son renforcement organisationnel
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Le renforcement des compétences des professeurs de musique locaux, à travers des formations dans les domaines de la pratique instrumentale, du solfège et de la pédagogie musicale.
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Le soutien à l’école dans ses efforts de recherches de fonds, afin lui permettre à terme de financer son fonctionnement de façon autonome.
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La promotion et la visibilité de l’école au niveau local et régional, à travers les contacts avec des autorités, d’autres ONG, la presse et la participation d’ensembles musicaux dans des manifestations culturelles locales et régionales
Nos partenaires dans cette aventure:
Le Comité du réseau de lecture de La Florida a été créé dans le cadre du projet du réseau de lecture dans la région de Nariño. Il est composé d'habitants, hommes et femmes, représentant les 7 hameaux, dont 5 impliqués dans le projet.
Le Comité de gestion de l’école de formation musicale composé par de parents d’élèves de l’école.
La Casa de la Cultura de La Florida, institution municipale qui s’occupe de soutenir et développer les activités culturelles locales.
Bien évidemment, les habitants des différents hameaux impliqués dans la conception du projet participeront activement à ce projet.


La musique comme alternative positive
Dans la région de La Florida, les jeunes manquent cruellement d'espaces de socialisation pour occuper leur temps libre de manière saine et constructive. Avant la naissance du Réseau de Bibliothèque-Centres communautaires, il n'existait aucun espace de répétition et de représentation pour des groupes musicaux et peu d’accès à des instruments musicaux, faute de ressources financières.
Au cours des presque 8 années de travail dans la région, nous avons pu constater que l’ennui et le manque de perspectives forment le terreau de de pratiques autodestructrices. La violence juvénile et la consommation d'alcool et de drogues, telles que la cocaïne, le crack ou, dans les cas les plus inquiétants, l’inhalation de vapeurs de colle, se multiplient au sein de la jeunesse. Ces dynamiques autodestructrices bien souvent associées à la ville envahissent un tissu social rural en perte de cohésion et de perspectives d’avenir
De nombreux enfants et jeunes montrent pourtant un grand intérêt pour la musique aussi bien issue de la tradition locale (musique paysanne) que d’autres genres. Cependant, les initiatives locales de formation musicale restent très ponctuelles; elles dépendent de la bonne volonté des professeurs, qui travaillent le plus souvent bénévolement.
La pratique d’un instrument de musique ainsi que la participation à un groupe musical constituent pourtant des alternatives positives à la consommation de drogues et à la violence juvénile. Donner à la jeunesse l’accès à des instruments ainsi qu’à des cours de musique est une manière privilégiée de lutter contre la désintégration sociale. La pratique d’un instrument est, au niveau individuel l’occasion de développer de nouvelles facultés, d’acquérir une discipline de travail personnelle, d’occuper son temps libre ; au niveau collectif elle permet la création d’espaces de camaraderie, de collaboration et de partage intergénérationnel, qui sont autant d’antidotes à l’atomisation du tissu social et au retranchement de la jeunesse dans des pratiques destructrices.
Dans ce contexte, la mise en place de structures de formation visant à renforcer les dynamiques culturelles locales, en perpétuant la tradition autochtone (musique paysanne), ainsi qu’à promouvoir les autres genres musicaux en vogue parmi la jeunesse (musique tropicale, musique andine, rap, …) semble une stratégie appropriée pour permettre aux enfants et aux jeunes d’occuper leur temps libre de manière saine et constructive ; ainsi que pour renforcer la cohésion communautaire.