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La Tulpa depuis la Suisse….


Après 5 années de vie en Colombie en tant que chargés de mission pour Lectures Partagées, Nicolas Veuthey et moi-même avons pris la difficile décision de revenir habiter en Suisse. C’est l’occasion pour nous de tirer un bilan sur ces belles années de travail intense, d’amitié et d’apprentissage et surtout de redéfinir notre manière de travailler pour l’association.


Ce retour en Suisse pose de nouveaux défis pour Lectures Partagées, ainsi que pour La Tulpa, que nous soutenons actuellement. En effet, le projet qui soutient la création de l’association paysanne était pensé pour être réalisé avec notre accompagnement sur le terrain jusqu’en 2020.

Cette présence sur le terrain s’est révélée très positive. Nous avons pu suivre de près les avancées et les difficultés rencontrées par les bénéficiaires et nous adapter en temps réel aux défis et obstacles rencontrés sur le terrain. Nous avons créé des liens avec les personnes impliquées, aidant à arbitrer les conflits et tensions qui surgissent nécessairement lors de l’arrivée de ressources économiques. Nous avons aussi pu comprendre les luttes de pouvoir locales et avons pu éviter à plusieurs reprises de nous impliquer dans des dynamiques peu profitables pour le développement des projets et pour toutes les personnes impliquées.

En prenant la décision de rentrer en Suisse, nous sommes conscients de renoncer à cette proximité. Nous y avons réfléchi longuement et planifié notre départ soigneusement en préparant l’équipe de coordination de La Tulpa à fonctionner sans notre présence. Nos derniers mois ont été employés à renforcer l’organisation de l’équipe de coordination, à proposer des règles et des canaux de communication efficaces et à réfléchir à la meilleure manière de gérer les conflits.

Finalement, nous avons engagé et formé Loïc Frei, un suisse qui habite à Nariño depuis plusieurs années, que nous connaissons depuis longtemps et en qui nous avons toute confiance, pour se charger d’une partie des tâches administratives et de suivi du projet, mais aussi pour continuer à appuyer, quoique moins intensivement, l’équipe de coordination de La Tulpa. Puisque Loïc parle parfaitement français, mais maîtrise également l’espagnol, ceci facilitera le travail de suivi du projet et l’élaboration des rapports. Il s’est parfaitement intégré à l’équipe de coordination, qu’il a rejoint le 1er mars 2018 et s’entend très bien avec tous.

Il est évident que notre départ implique un changement significatif, qui va demander des ajustements. Mais ces ajustements sont indispensables à la prise d’autonomie de la Tulpa, et de nos autres projets en cours. Nous avons aussi senti que nous étions à un moment charnière de la vie de Lectures Partagées : nous pouvions décider de rester en Colombie définitivement, du moins tant que l’association continuait à soutenir des initiatives locales, en nous impliquant à chaque fois plus personnellement ; ou nous pouvions laisser les projets évoluer sans notre présence continue et tendre à ne plus dépendre de nous de la même manière.


Nous pensons qu’il était temps d’évoluer, de nous éloigner un peu pour voir les projets depuis une autre perspective. Et nous sommes aussi convaincus que notre travail durant ces 5 années a porté ses fruits et qu’il n’est plus nécessaire d’être constamment sur le terrain. Nous restons bien évidemment en contact avec l’équipe de La Tulpa, ainsi qu’avec les responsables de l’école de football et de musique, et continuons à les conseiller, à les soutenir depuis ici, sans toutefois nous rendre indispensables au quotidien.


Ces premiers mois de distance ont aussi été des mois d’ajustement pour nous. Comment, en effet, continuer à s’impliquer en n’ayant que des nouvelles via le téléphone et l’ordinateur ? Comment savoir quand notre intervention est nécessaire, par exemple lors de certains conflits ? Comment continuer à les soutenir sans être avec eux ? Mais finalement, la question que nous nous posons réellement est : comment les laisser devenir autonomes sans pour autant perdre nos liens avec ces projets que nous avons accompagnés et qui nous tiennent tant à cœur ? Comment continuer à faire partie de ces processus sans pour autant être essentiels à leur continuité ?

Nous sommes toujours en train de trouver cet équilibre. C ‘est un apprentissage constant et pas toujours facile. Mais il nous semble qu’après quelques crises passagères et nécessaires à cette adaptation, nous arrivons à mieux trouver les canaux de communication adéquats avec les personnes impliquées dans les projets en cours, qu’ils commencent eux aussi à mieux gérer les conflits sans notre intervention systématique, ni celle de Loïc. Pour finir, nous commençons à constater que notre départ est positif pour le futur de ces projets, et que, en définitive, ce sera bien plus difficile pour nous de nous adapter et de laisser derrière nous ces belles années passées en Colombie.


Cristina Muñoz

Chargée de mission

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