Giulia D'Ottavio
Lettre de Giulia, chargée de mission

Dans cette petite partie de la Colombie, le département de Nariño, les Andes, les volcans, les lagunes, l'océan Pacifique et l'Amazonie sont les gardiens de traditions millénaires, de peuples indigènes, de paysans et d'afro-descendants qui luttent quotidiennement pour résister à un système mondial qui veut les transformer en citadins, en employés, en consommateurs.
C'est dans ce scénario que les paysans tentent de s'organiser, afin de ne pas abandonner les champs, de continuer à travailler la terre, un labeur fait de sagesse et d'expérience, pour transmettre aux jeunes cette passion pour la terre et ses produits.
Nombreux sont les projets qui arrivent sur ce territoire, avec des nationalités, des drapeaux, des objectifs et des promesses différents, et qui génèrent la plupart du temps de l'envie, de l'assistentialisme et des fractures.
Rares sont les projets qui apportent des changements positifs, qui deviennent des processus, qui encouragent les gens à se battre pour leur territoire, pour leur communauté, pour leur bien-être. L'un d'entre eux est certainement "La Tulpa - Les familles Nariñenses dans l'agriculture biologique".
C'était un samedi matin, j'avais entendu dire que des produits biologiques étaient vendus près de chez moi et j'ai voulu connaître de près cette expérience et goûter ces produits. À l'époque, j'avais vécu deux ans à Pasto, la capitale du département, où j'avais travaillé main dans la main avec les communautés paysannes et indigènes, en apprenant à connaître cette merveilleuse culture et à travailler la terre.
C'est ainsi que j'ai connu "La Tulpa" en tant que cliente, et je suis tombée amoureuse du goût des produits, du sens politique et social qu'ils véhiculent, des sourires et de l'affection des producteurs et productruces, qui vendaient leurs récoltes.
Je n'aurais jamais pu imaginer que la vie m'amènerait à faire partie de ce processus, de cette organisation, à pouvoir toucher de la main la complexité de ce qui vient à nos tables, à pouvoir être une partie active de ce moteur.
Si nous sommes ce que nous mangeons, je suis La Tulpa, qui me nourrit avec des vitamines et des protéines naturelles et maintenant aussi avec un nouveau rêve sur lequel parier.
Sur ce territoire, il est encore possible de préserver le sol, les forêts, les réserves d'eau, les petites parcelles, la production à petite échelle. C'est possible s'il y a une organisation, s'il y a des ressources, s'il y a une communauté. Là où les gens sont divisés, les grands entrepreneurs, les projets miniers, les centrales hydroélectriques, les monocultures viennent. Ils viennent pour détruire la terre, pour chasser les gens de leurs maisons, pour générer des profits pour quelques-uns.
La seule façon de préserver le territoire est de démontrer qu'il est vivant et productif, qu'il peut être cultivé sans nuire à l'environnement, qu'on peut travailler sans tomber malade, à cause de l'utilisation des pesticides et des poisons, qu'on peut générer des occupations pour les femmes qui vont au-delà des soins de la maison et de la famille.
A travers ses produits et "ses" producteurs, La Tulpa parvient à démontrer qu’il existe une voie, à montrer le chemin et que l'effort de production biologique vaut la peine, que le bien-être de la famille vaut plus que des gains faciles.
J'aimerais emmener une tomate, un épinard et un poireau en Italie, mon pays d'origine, pour faire une pizza bio, afin que ma famille et mes amis puissent goûter à la saveur de cette terre volcanique. Il est difficile de transmettre les odeurs, les goûts et l'effort que ce pari implique, mais j'espère que ces quelques lignes pourront y contribuer.

La seule façon de préserver le territoire est de démontrer qu'il est vivant et productif, qu'il peut être cultivé sans nuire à l'environnement, qu'on peut travailler sans tomber malade, à cause de l'utilisation de pesticides et de poisons, qu'on peut générer des occupations pour les femmes qui vont au-delà des soins de la maison et de la famille.
A travers ses produits et "ses" producteurs, la Tulpa parvient à démontrer que c'est la voie, c'est le chemin. Que l'effort de production biologique vaut la peine, que le bien-être de la famille vaut plus que des gains faciles.
J'aimerais emmener une tomate, un épinard et un poireau en Italie, mon pays d'origine, pour faire une pizza bio, afin que ma famille et mes amis puissent goûter à la saveur de cette terre volcanique. Il est difficile de transmettre les odeurs, les goûts et l'effort que ce pari implique, j'espère que ces lettres pourront aider.
Un salut agroécologique de Pasto !
Giulia D’Ottavio
Chargée de mission
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